Depuis qu’il préside le Tribunal de Commerce de Lille Métropole, Éric Feldmann se bat pour faire connaître la prévention auprès des dirigeants qui rencontrent des difficultés passagères. C’est la vocation de la cellule Détection Prévention. C’est aussi l’objet du nouveau dispositif Reboot by Link.
La crise que nous traversons est décidément hors norme. Les faillites d’entreprises n’ont jamais été aussi peu nombreuses depuis trente ans. Une situation qui peut surprendre, alors que la France et l’Europe ont connu l’une des pires récessions de leur histoire (-10% de croissance l’an dernier). Ce constat, Éric Feldmann le fait à l’échelle de Lille Métropole et de la région. Tout comme ses homologues des 134 tribunaux de commerce français. « Nous avons ouvert 32 000 procédures collectives en 2020, alors que la moyenne française se situe plutôt entre 45 000 et 60 000 ».
L’économie est en apesanteur
Cette situation est évidemment la conséquence directe des plans de soutien à l’économie et des mesures mises en place (chômage partiel massif, fonds de solidarité…), qui ont permis d’éviter que les entreprises ne déposent le bilan en cascade. « La France et ses entreprises ont évité un tsunami. Mais pour combien de temps ? », s’interroge Éric Feldmann. Nos sociétés ont été massivement aidées. Elles sont sous morphine. Ce rythme, nous ne pouvons pas le soutenir éternellement. Il faut espérer que l’économie reprenne son souffle, comme elle l’a fait entre mai et octobre ».
Prévenir plutôt que guérir
La plupart des dirigeants ignorent les dispositions du code de commerce en matière de prévention des entreprises en difficulté. « Lorsqu’une entreprise traverse un trou d’air momentané, il convient de réagir rapidement en frappant à la porte de la cellule Détection Prévention du Tribunal de Commerce. Notre mission ? Envisager avec le dirigeant, la possibilité d’ouvrir un mandat ad hoc ou une conciliation et de nommer un administrateur judiciaire chargé de négocier un rééchelonnement des dettes auprès des créanciers sociaux, fiscaux et des banques. Cela permet à l’entreprise de se ressaisir, de passer le cap et de repartir du bon pied sans que personne, dans son environnement économique et financier, n’ait jamais vent de ses difficultés… ».
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LE SAVIEZ-VOUS ?
70% des dépôts de bilan se traduisent chaque année par une liquidation judiciaire, 15% par un plan de cession. Les autres entreprises bénéficient d’un plan de continuation de leur activité (plus des deux-tiers sont malheureusement liquidées dans les cinq ans).